Entre mythe mediatique et réalité
Update 2024
Nous venons de redécouvrir un article anthologique de notre précieux site, nous étions loin de soupçonner l’essor de tous les nouveaux réseaux, TikTok, Twitter, LinkedIn etc, etc.
La galaxie du web est infinie. Réseau social, journal intime, partage de vidéos, ou espace de rencontres amoureuses : internet met à disposition une palette de services pour combler les aspirations les plus intimes. Une offre qui introduit aussi de nouveaux usages et comportements, tels que l’extrême volatilité des internautes, le désir d’exposition de soi, les nouvelles formes d’addictions dont s’inquiètent certains spécialistes. Car, même si les modes se démodent, même si des sites populaires mettent la clé sous la porte et d’autres les remplacent dans les hits des audiences mondiales, les usages, bien souvent, demeurent. Petit tour d’horizon de ces sites qui ont défrayé la chronique ces dernières années, entre mythe médiatique et réalité.
Les blogs
WordPress
Qui se souvient de la date de naissance des blogs ?
Même Internet semble avoir oublié quand ces sites personnels, constitué de billets ouverts aux commentaires, sont apparus pour la première fois. Tout au plus âgés d’une dizaine d’années, le phénomène blog connait aujourd’hui une ampleur considérable. Journaux intimes d’adolescents en manque de reconnaissance, carnets de bord de photographes ou baroudeurs, fiches de cuisine d’une mère de famille ou espaces d’expression directe ouverts à tous les citoyens soucieux d’exercer un contre-pouvoir : force est de constater que la tendance a désormais conquis toutes les strates de la société. En France, les “blogs” revendiquent plus de vingt millions d’utilisateurs. D’autres plateformes, moins marquées sociologiquement, se font aussi les échos des hobbies “tapuscrits” des internautes. Mais tous ne sont pas logés à la même enseigne dans la vaste jungle du web. Tandis que la majorité des blogueurs restent dans l’anonymat, certains sont devenus de véritables stars. Qu’ils parlent de mode, de politique ou de cuisine, ils sont considérés aujourd’hui comme des personnalités affluentes.
Myspace
Pour se faire connaître. Il vaut mieux ouvrir une page sur Myspace, le pionner des réseaux sociaux ouverts en 2003 par Tom Anderson et Chris Déroule. Le principe du site consiste à mettre gratuitement à disposition de ses membres, un espace web personnalisé, permettant d’y créer un blog, d’y entreposer sa composition musicale, et d’y remplir diverses informations personnelles. Reste, toutefois, à émerger parmi les 122 millions d’utilisateurs du site. Une communauté rachetée par Rupert Murdoch, qui n’a pas hésité à dépenser 600 millions de dollars ! Si l’audience de Myspace tend à stagner aujourd’hui, en raison notamment de la concurrence de Facebook ou de YouTube, la popularité du site n’a pas démenti. Les gens adhèrent à plusieurs espaces identitaires. Les artistes sont particulièrement fidèles à Myspace, n’a-t-il pas permis l’émergence des Arctic Monkeys, de Lily Allen ou de la chanteuse Yelle? Et les artistes confirmés, n’hésitent pas à se servir de cette plateforme pour faire leur promo. Derniers exemples en date, Paul McCartney et les Guns Ne Roses ont diffusé leur nouvel album en avant-première sur le site communautaire. Une utilisation qui pose d’ailleurs quelques problèmes sur l’épineuse question des droits encadrant la diffusion de la musique de la vidéo.
Dailymotion
Une question qui se pose aussi aux plateformes d’échange et de partage de vidéos en ligne, même si Dailymotion a signé en septembre, des accords avec un ayant droit de l’audiovisuel et, début décembre, avec la Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique (Salem) en vue de rémunérer les auteurs. Au-delà du piratage, ces plateformes ont vraiment bouleversé le rapport des internautes à l’image. Selon l’institut Comscore, pour le seul mois de janvier, 25 millions de Français ont visionné près de 2,2 milliards de vidéos en ligne. À ce jeu, le Français Dailymotion et YouTube, adossé à Google, sont au coude à coude. Le premier se targue d’être un véritable portail, alors que le second fonctionne comme un véritable moteur de recherche. Leur marge de progression attise les convoitises, notamment celle des chaînes de télévision traditionnelles, peu à peu grignotées par la TNT et internet. Ainsi, TF1, se place à la troisième place avec sa plateforme WAT TV, tandis que M6 possède Kewego. Ces plateformes ont également installé le principe de pouvoir regarder une vidéo “ou tu veux, quand tu veux”. En cela, elles ont, sans nul doute, inspiré les télévisions traditionnelles dans leurs stratégies de “catch up TV” qui permettent aux téléspectateurs de visionner un programme à leur convenance, sur internet.
L’immense succès de Facebook, qui compte à présent plus d’utilisateurs que Myspace (123 millions contre 122) a de sembler soulevé le sujet de l’extrême volatilité des internautes. Orienter, l’un des vétérans du réseau social, est tombé en désuétude sous la pression de Myspace, lequel voit aussi sa fréquentation chute depuis l’arrivée de Facebook. Les internautes sont-ils condamnés à déménager leur profil au gré des nouvelles tendances numériques ? Pour ces sites, il existe une sorte de mythe des origines, d’où nait le désir d’en être : les racines universitaires pour Facebook, la coloration rock pour Myspace. Mais il existe aussi un phénomène de masse critique. Ce qui attire les internautes, c’est la promesse de rester entre soi. Le site crée en 2004 par Mark Zuckerberg, un étudiant d’Harvard, initie aussi de nouveaux comportements sociaux par le biais des statuts (microbiographie réutilisable à tous instants, des amis que l’on collectionne et des photos qui révèlent une conception de l’exposition de soi particulière).
Meetic
Le jeune divorcé pourra toujours essayer de trouver l’âme sœur sur Meetic, l’un des premiers réseaux “amoureux” du web. D’autant que le site envisage de développer son activité “matchmaking”, pour laquelle les utilisateurs se voient proposer des profils en fonction de leurs affinités, en parallèle du “dating”. Avec 700000 abonnés payants fin septembre 2008, le site fondé en 2001, en pleine bulle internet, poursuit sa croissance et fourmille de nouveaux projets. Il envisage, par exemple, de lancer au premier trimestre 2009, une version de Meetic avec sélection à l’entrée (Meetic VIP) ainsi qu’un réseau social en ligne avec des extensions sur téléphone (Meetic).
À croire que l’amour ne connait pas la crise. Nous, sur Mediachic, on voudrait ajouter un seul bémol : le corps n’est plus présent lors de la première rencontre. On n’est plus ému par le sourire, le regard de l’autre, mais séduit par l’image qu’il s’est construite. Et au premier déplaisir, il suffit d’un clic pour rompre.
Meetic, les blogs, Facebook, nous, on trouvent ça bien, mais remarquons tout de même que cela fragilise la notion d’engagement, déjà affaibli par une société très individualiste…